Desespoire au milieux d'alcolos... [Finit]

Kyio avait soif, et, trouvant le bar un peu trop banale à son gout, il décida de se rendre au pub. Dehors il pleuvait, et Kyio marchait, la tête basse, les mains dans les poches et une capuche sur la tête, en direction du pub.
Pour se faire, il marchait le long de l'avenue, pavetée, dépourvue d'âme qui vive. Kyio leva les yeux. Il lui semblait, à travers l'épais brouillard qui emplissait les cieux, apercevoir une fumée ouatée, qui fuyait de la massive cheminée en briques rouges, abimées par les nombreuses saisons qu'elles avaient vu défiler. Et sous cette dernière, tout aussi imposant, un bâtiment, aux les pierres semblables à celles qui servaient d'échappatoire à l'âtre, d'où l'on apercevait une lumière chaleureuse, traversant les fenêtres de verre, soignesement, régulièrement lavées. Au dessus, une enseigne, lourde, en bois, tenant accrochée au bâtiment à l'aide d'un bâton accroché à la bâtisse, duquel une chaîne aux maillons de fer descendait pour rattrapper la pancarte, sur laquelle était gravées en lettres manuscrites; "Pub. Chez Nakro"
Désormais Kyio savait qu'il était arrivé à destination. Un subtile sourrire accroché à ses douces lèvres, il s'approcha encore un peu, jusqu'à arriver en face de la porte en bois, lourde, imposante, qu'il poussa de ses deux mains plaquées contre celle-ci. Il avait enlevé sa capuche quelques secondes plus tôt, de part l'inutilité de cette dernière depuis qu'un préo de paille l'abritait.
Dans le pub, les gens riaient, buvaient, tombaient, chantaient. Kyio les regardait, froidement, dépourvu de tout sourrire préalablement affiché. Il marchait, les mains dans les poches, en direction du comptoire, bâti sur le modèle du pub. Kyio s'asseya sur un tabouret élevé, ceux qu'on trouve dans les bars, encadré de quelques autres, tous occupés par des hommes, plus ivres les uns que les autres. Seule femme dans le pub, la serveuse. Garçon manqué, ses cheveux bouclés attachés rapidement d'un élastique noir, des habits serrés, marginaux, moyen-âgeux, et des bottes, semblablent à celles d'indien. Seuls signes de femminité, un collier en perle et deux boucles d'oreilles, assorties au pendentif.
Kyio commanda une bierre. Il n'appréciait pas tellement ça, non, mais il n'avait pas fait ce chemin pour boire un verre de limonade. Le patron le dévisagea, l'examina sous toutes les coutures. Kyio, faisant semblant de ne rien voir, tourna le regard de l'autre côté de la salle, où deux hommes, bizzarement sobres, faisait un bras de fer. Une minute passa, et l'homme dévisageait toujours Kyio, sans sembler préparer quoi que se soit pour le servir. Kyio, sans tourner la tête, tourna les yeux et le regarda. Il força sa mine, pour la rendre plus agressive et dit;

<< ça vient? >>

Le patron mit un de ses deux coudes sur le comptoir et le regarda, les yeux plissés avant de dire à Kyio, qui avait retrouvé une mine neutre:

<< écoute minot, tu veux pas non plus me dire c'que j'dois faire? T'as quel age mon p'tit, t'sais qu'c'est à partir de 16 ans, la bierre c'est pas pour les bébés mon p'tit. >>
<< J'AI 16 ans. Alors servez moi, et vite. >>
<< T'as une preuve de ce que t'avance là mon p'tit bonhome? >>
<< Vous êtes plus ivre encore que vos connard de clients, vous allez pas non plus me donner des leçons de morale? J'ai passé mes 16 ans et quand bien même ce ne serait pas le cas, c'est mon problème, pas le votre. >>

Le patron prit sa respiration, se retira sur bar, finit de laver le verre qu'il frottait machinalement avec un torchon rouche, et en prit un autre, qu'il remplit de bierre et qu'il donna à Kyio.

<< Voilà mon p'tit gars. >>

Kyio prit le verre, but une gorgée et dit:

<< Merci bien >>

Avec un sourrire ironiquement éxagéré. Il finit son verre, contemplant une bagare qui venait de commencer. Il secouait lentement sa tête, méprisant, se demandant alors la raison pour laquelle il était venu ici. Probablement par manque d'activité, par manque de distraction. Tout dépendait de la définition établie par chacun quant au mot "distaction", mais une bagare pouvait en être une...
Les gens autour, criait le nom de celui qu'il voulait voir gagnant. Ils avaient désormais fait une ronde autour des deux hommes, et Kyio se retrouvait seul au comptoire. Le patron reprit le verre du jeune homme et lui dit:

<< Autre chose mon p'tit gars? >>

Kyio se tourna, le regarda et lui répondit d'un ton calme qu'il préférait rester sobre, après tout, n'avait pas envie de se battre, pas pour l'instant...

Will était assis dans la grande chaise noir et confortable qui se trouvait devant son bureau impeccablement rangé, les pieds posés et croisés dessus. Il venait de raccrocher son téléphone, après un énième coup de fil qu'on lui avait passé, pour voir comment était de nouveau chef des Norys. Ils avaient tous été reçus de la même manière, Will leur avait crié dessus, s'excusant par un sois-disant "travail important à faire maintenant", mais évitant soigneusement de les insulter -ce qui, sois-dit en passant, avait plusieurs fois failli franchir ses lèvres- il fallait mieux faire un minimum de bonne impression, c'était ses débuts de chef. Il se leva et débrancha la prise téléphonique, quelle galère, ces gens-là! Il se dirigea vers son placard, enfonça sa clé dans la serrure, tourna, et ouvrit la porte. C'était son bar personnel, qu'il voulait utiliser pour les grandes occasions, ou quand il en avait besoin. Il ne pouvait pas prendre lui même les grandes décisions concernant les pierres de pouvoir, alors un peu d'alcoold ans le nez de son sous-chef, et tout serait arrangé! Mais là, c'est qu'il fallait qu'il se détende un peu. Mais il n'y avait plus rien. Il avait vidé toutes ses bouteilles la veille. Will jura puis décida d'aller boire au pub. Il enfila sa veste en cuire, sortit de son bureau, le ferma à double-tour et entra dans l'ascenseur. Il descendit au rez-de-chaussé et sortit, sans se donner la peine d'indiquer à l'hôtesse d'acceuil qu'il s'absentait. La pluie battait au-dehors. Will rabatit sa grande capuche sur son visage aix traits durcis, ce qui lui permettrait aussi de passer inaperçu. Arrivé dans la ville, il savait exactement où il fallait aller. Il enfonça ses mains dans ses poches et traversa la pluie, sa veste ruisselante d'eau, mais il n'y prêtait aucune attention. Puis il arriva devant le bar. Un brouhaha l'occupait, comme toujours. Il poussa la porte et entra. L'atmosphère était plus chaleureuse. La fumée de cigarette et l'odeur d'alcool emplissaient la pièce. Il se dirigea vers le bar, et demanda à la serveuse:

<< Une bierre. Mais n'importe laquelle, me saoulez pas! >>

Elle avait voulu lui proposer plusieurs de ses bierres mais Will n'avait aps de temps à perdre avec ça. La serveuse lui apporta une petite bouteille de bierre accompagnée d'un verre. Il prit la bouteille et s'en alla dans un table innoccupée au fond de la salle. Sa capuche était toujours rabattue sur son visage. Il ne voulait pas qu'on le reconnaisse. Les occupant de la table voisine à la sienne, tapie dans l'ombre, avaient l'air suspect. Il rigolaient devant des verres de bierre remplis de whisky et ingéraient des cachets blancs... Deux hommes faisaient un bras de fer et d'autres posaient de l'argent sur la table, pariant. Puis une bagarre se déclancha, et tout le monde se rendit autour des combattants. Les hommes à côté de Will se levèrent et allèrent voir. De nouveau paris étaient lancés. Seul un jeune homme était assis au bar. Will avait fini sa bierre mais il n'avait pas pris assez d'alcool à son gout. Il se leva et alla au bar, commandant du whisky. Il s'assis sur un tabouret, finit le verre de vodka qui avait été laissé devant lui dans la précipitation d'aller voir la bagarre. Le jeune garçon était à sa gauche, à un tabouret d'intervalle du sien, sirotant une bierre. Il tourna la tete vers lui, et leurs regards se croisèrent...

Kyio regardait de loin la bagard. Il regardait les allées et venues des gens dans le pub. Il vit entrer un vieille homme, une canne à la main, dépourvue de toute dentition, tenant par le bras une jeune femme, grande de 50 centimètre de plus que le recroquevillé vieillard, blonde, posée sur des talons aiguilles, rouge nacrés, assortis à sa robe, qui, serrée comme elle l'était, ne devait guère la laisser respirer...
Kyio vit ensuite un homme, d'une trentaine d'année probablement, qui, avant même de commander quelque chose, se jeta dans la bagare... Le suivant de près, un autre jeune homme, un peu plus jeune, une vingtaine d'année, peut être plus, peut être moins, difficile à évaluer de part sa capuche noir qui couvrait ses cheveux et une partie de son visage, comme s'il se cachait. Ce dernier commanda une bierre, et alla à une table, au fond.
La serveuse cria:

<< C'est la dernière bagare, après on ferme! >>

Kyio ria, dans sa barbe; cette phrase l'amusait. Cette facile et de toute évidente usuelle manière de clore une nouvelle journée au pub.
Le garçon qui s'était assis au fond de salle au préalable, arriva au comptoir pour prendre un wisky. Kyio tourna la tête vers lui, en même temps qu'il le fit. Leur regard se croisa. Kyio le regarda, sans pronnoncer un mot, un peu impressionné il faut l'avouer...

Will prit le petit verre de whisky que la serveuse lui tendait et il le but d'une traite. L'alcool lui brûla la gorge mais il sourit. Sous l'ombre de sa capuche, la seule partie de son visage était ses lèvres.

<< Un autre. >>
Serveuse: " La polistesse, ça existe!" répondit-elle, agacée.

Si seulement elle savait qui il était, elle ne réagirait pas de la meme façon. Mais Will ne répondit rien, se contentant d'attendre son verre. Il tourna la tête vers le jeune homme à sa gauche. Il le fixait encore.

<< Qu'est ce qu'il y a? >>

Il parla lentement, détachant chaque syllabe, avant de boire un peu de son deuxième whisky qui venait d'arriver.
La bagarre générale avait l'air d'amuser plus qu'autre chose la serveuse qui leur cria d'éviter d'abimer les tabels et les chaises. Elle se propoagea jusqu'au bar et le tabouret qui séparait Will du garçon se brisa. La serveuse poussa un soupire et s'efforça d'éloigner un peu les hommes de là.

Kyio répondit, d'une manière tout à fait neutre, secouant un peu la tête:

<< Rien. >>

Que dire de plus à mec en train de se bourrer la geule à un mètre de vous? Kyio paya sa bierre et tenta d'éviter la bagare pour rentrer chez lui, chez les Norys...

La serveuse apporta le verre d'alcool à Will qui le but d'une traite. L'ambiance de se bar commençait à l'énerver. Cette bagarre de gens totalements ivres lui déplaisait et il avait absorbé sa dose d'alcool pour le moment. Il n'avait aucun envie de finir au milieu de ce tas d'hommes qui ne savaient leur nom.
Will se leva, déposa un billet sur le comptoir et poussa la porte qui fit sonner une petite cloche au dessus de sa tête.
Ses pensées étaient tournées sur ce gars, qui le regardait bizarrement et qui avait seulement pris une bierre. Pendant une fraction de seconde, il eut peur qu'il l'eut reconnu, puis, pendant une autre fraction de seconde, il se demanda si c'était parcequ'il avait l'air d'un alcoolo... Il grimaça et chassa cette idée de sa tête. Il n'était pas alcoolique. Il buvait beaucoup, c'est tout.
D'un pas chancelant il se dirigea vers son bureau de chef. Non, non, et non. Il n'était pas alcoolique, et il essaya de marcher droit, même si l'alcool l'avait un peu sonné. Et si ce petit avait remarqué qu'il était le chef des Norys, qu'il l'avait pris pour un alcoolique, et, qu'en plus, il faisait partie des Lévos? Il irait tout raconter et la réputation de Will en prendrait un bon coup. Il décida en l'instant d'essayer d'arrêter de boire quelques uns de ses verres quotidiens.
Non, il n'essayerait pas. Il le ferait, c'est tout.

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